MONTRÉAL - Les Québécois ont choisi de faire un grand ménage
du printemps, lundi, en élisant un gouvernement libéral majoritaire
dirigé par Philippe Couillard.
Pour le Parti québécois de Pauline
Marois, la défaite est cuisante, totale, dans l'ensemble du Québec comme
dans sa propre circonscription de Charlevoix - Côte-de-Beaupré,
pourtant considérée comme une forteresse. Cette soirée électorale aura
marqué la fin de sa carrière politique.
Dès la fermeture des
bureaux de scrutin, à 20 heures, le ton de la soirée était donné: le
Parti libéral du Québec avait pris une avance fulgurante et
insurmontable, laissant loin derrière ses adversaires. Vingt-cinq
minutes plus tard, le PLQ était proclamé gagnant. À 20h42, les libéraux
savaient qu'ils formeraient un gouvernement majoritaire, offrant au
Québec une stabilité politique pour les quatre prochaines années.
En
fin de soirée, le PLQ avait 70 sièges, contre 30 pour le Parti
québécois, 22 pour la Coalition avenir Québec et 3 pour Québec
solidaire.
Le PLQ avait 41,4 pour cent du vote, le PQ 25,3 pour cent, la CAQ 23,1 pour cent et QS 7,6 pour cent.
«Je
m'engage à diriger un gouvernement responsable, intègre et
transparent», a déclaré Philippe Couillard, tenant un discours qui se
voulait rassembleur, alors qu'il célébrait la victoire de son parti à
Saint-Félicien, au Lac Saint-Jean, dans sa circonscription.
Il a dit vouloir faire du Québec «un leader de la fédération canadienne».
Avec
moins de 26 pour cent du vote populaire, le PQ affiche sa pire
performance des dernières décennies. En 2007, avec à sa tête André
Boisclair, le PQ avait connu une dégelée considérée historique en
récoltant seulement 28 pour cent d'appui et 36 sièges, certains
annonçant aussitôt la fin du parti souverainiste.
Élu chef du PLQ
en mars 2013, Philippe Couillard aura donc réussi en un an à peine à
faire en sorte que son parti regagne la confiance des électeurs, perdue
lors du scrutin de septembre 2012.
M. Couillard a aussi réussi
l'exploit de se faire élire député de Roberval, une circonscription qui
donnait de fortes majorités au PQ.
La première ministre sortante,
Pauline Marois, première femme à occuper cette fonction, n'aura donc pu
diriger le Québec que durant 18 mois, le plus court mandat de l'histoire
du Québec. Sous sa gouverne, le Parti québécois aura subi une de ses
pires défaites depuis sa fondation.
«Dans les circonstances, je
vais quitter mes fonctions» de chef du Parti québécois, a déclaré Mme
Marois, en encaissant la défaite, entourée de son mari Claude Blanchet
et de quelques-uns de ses ministres réélus et de candidats élus.
«Nous
aurions tout à gagner à prendre toutes nos décisions pour nous-mêmes», a
indiqué Mme Marois en guise de testament politique, en se montrant
«inquiète pour notre langue» française.
Chez les libéraux,
plusieurs députés et candidats vedettes ont réussi facilement à se faire
élire, profitant de la vague. Parmi eux: Dominique Vien, dans
Bellechasse, Hélène David, dans Outremont, Lise Thériault, dans Anjou -
Louis-Riel, Martin Coiteux, dans Nelligan, Jacques Daoust, dans Verdun,
Nicole Ménard, dans Laporte, Christine St-Pierre, dans L'Acadie, et
Gaétan Barrette, dans La Pinière.
Chez les péquistes, qui
formeront l'opposition officielle, la soirée a été plus difficile. Parmi
ceux qui ont résisté à la tornade libérale: Nicole Léger, dans
Pointe-aux-Trembles, Bernard Drainville, dans Marie-Victorin,
Jean-François Lisée, dans Rosemont, Sylvain Gaudreault, dans Jonquière,
Pascal Bérubé, dans Matane, et François Gendron, dans Abitibi-Ouest.
Dans plusieurs cas, chez les péquistes victorieux, les majorités ont
fondu comme neige au soleil. Martine Ouellet a été réélue de justesse
dans Vachon. La principale recrue vedette de ce scrutin pour le PQ,
Pierre Karl Péladeau, a été élu dans Saint-Jérôme et pourra donc faire
son entrée à l'Assemblée nationale. Des ministres ont été battus, dont
Yves-François Blanchet, Bertrand Saint-Arnaud, Diane de Courcy,
Élizabeth Larouche, Pierre Duchesne et Réjean Hébert. Des députés aussi
ont mordu la poussière, dont Léo Bureau-Blouin, Daniel Breton et Scott
McKay.
«Nous allons défendre l'intérêt des Québécois et du pays», a
dit Pierre Karl Péladeau, convaincu que les Québécois doivent «prendre
leurs décisions seuls».
Jean-François Lisée a prédit que le PQ survivrait «aux années Couillard» et reprendrait le pouvoir.
Le
chef de la CAQ, François Legault, a été réélu dans L'Assomption, et la
porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, dans Gouin. Dans
Sainte-Marie - Saint-Jacques, la victoire de Manon Massé, de Québec
solidaire, a été confirmée tard en soirée.
«On va prendre notre
place, toute notre place à l'Assemblée nationale», a déclaré M. Legault,
promettant une opposition caquiste musclée.
Le taux de participation était de 71 pour cent.
Le
5 mars, la première ministre Pauline Marois avait décidé de déclencher
des élections générales, faisant le pari, après 18 mois de pouvoir
minoritaire, qu'elle pouvait gagner le coeur des électeurs et former un
gouvernement péquiste majoritaire, qui suppose un minimum de 63 sièges.
Au
moment de la dissolution de la Chambre, le Parti québécois (PQ)
détenait 54 sièges, le Parti libéral du Québec (PLQ), 49, la Coalition
avenir Québec (CAQ), 18, et Québec solidaire (QS), deux, tandis que deux
députés étaient indépendants, Daniel Ratthé (Blainville) et Fatima
Houda-Pepin (La Pinière).
Quelque six millions d'électeurs étaient
appelés à choisir les 125 députés qui les représenteront désormais et
formeront la prochaine Assemblée nationale. Au total, 814 candidats se
faisaient la lutte.
Lors du dernier scrutin, en septembre 2012, le
PQ avait récolté 32 pour cent du vote, le PLQ 31 pour cent, la CAQ 27
pour cent et QS, 6 pour cent.
En 2012, le taux de participation avait atteint 74,6 pour cent, soit 17 points de plus qu'en 2008.
La
soirée péquiste a lieu à Montréal dans un grand hôtel du centre-ville,
celle des libéraux à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, tandis que les
caquistes se rassemblent à Repentigny et les militants de Québec
solidaire à Montréal.
Au début de la campagne, les chefs de parti
disaient tous vouloir parler d'économie et de création d'emplois, mais
ce sont les thèmes de l'identité nationale, autour d'un possible
référendum, et de l'intégrité, surtout celle des chefs eux-mêmes, qui
auront monopolisé les débats.
Les résultats sont ici.
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Source: quebec.huffingtonpost.ca
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