dimanche 8 décembre 2013

LE LOGEMENT SOCIAL AU QUÉBEC

Le Québec (et plus généralement au Canada) est souvent cité en exemple de réussite dans le domaine du logement : ici, les prix des logements sont abordables, comparativement à la France, et il n’y a pratiquement pas de sans logis (ce qui serait tout à fait catastrophique compte tenu du climat). Si la situation n’est pas comparable à la France - au Québec il y a beaucoup d’espace par rapport à la population, et le climat rude n’est guère propice à l’installation de résidences secondaires - il est néanmoins intéressant d’étudier comment est géré ici le logement social.

Au Québec, il y a plusieurs formes de logement social
  • Les HLM
La forme historique de logement social au Québec porte le nom de… HLM ; le « M » ne signifie toutefois pas « modéré » mais « modique ».
 
Il y a au Québec quelques 62.000 HLM (dont 20.000 environ à Montréal), sur un parc total de logements d’environ 3,5 millions, soit moins de 2% du parc. Ces logements ont tous été construits après-guerre, dont une grande majorité entre 1964 et 1978. Propriété du gouvernement de Québec, ces logements sont gérés par des Offices Municipales d’Habitat (OMH) ; il y en a plus de 500. Les locataires paient un loyer équivalent à 25% de leurs revenus (chauffage compris, mais hors électricité, stationnement…). Ces loyers couvrent environ 42% du coût de gestion des HLM, le reste étant réparti entre l’état fédéral Canadien (29%), la province du Québec (26%) et les municipalités (6%).
 
Les locataires des logements HLM sont des personnes modestes, avec un fort pourcentage de familles monoparentales et d’immigrés (jusqu’à 40% des locataires à Montréal sont des immigrés).
 
Aucun nouvel HLM n’a été construit depuis 1994, date à laquelle le gouvernement fédéral s’est retiré de ce programme, jugé trop coûteux et déresponsabilisant pour les locataires.
  • Les coopératives et les Organismes Sans But Lucratif (OSBL)
Il existe près de 50.000 logements coopératifs ou OSBL au Québec. Cette formule, très populaire dans les années 1980, prend la forme de subvention diverses à des coopératives d’habitat ou à des OSBL (prêts de démarrage, subventions de capital, subventions comblant le déficit d’exploitation sur des périodes jusqu’à 35 ans…).
  • Les programmes d’allocation au loyer
Sans constituer à proprement parler du logement social, ces programmes permettent la prise en charge d’une partie du loyer des logements du secteur privé ou coopératif, de manière à ce que le reste à payer ne dépasse pas 25% du revenu du ménage. Ils sont généralement accessibles à des personnes qui répondent aux critères d’admissibilité dans les HLM.
 
Les critères d’accessibilité au logement social sont strictes : revenu ne dépassant pas un certain seul, en fonction de la région (à Montréal, ou les plafonds sont parmi les plus élevés, la limite est de 27.000$ pour une personne seule ou un couple, 36.500$ pour une famille de 4 ou 5 personnes ; dans des régions plus reculées elles peuvent être largement inférieures), mais aussi un patrimoine total ne dépassant pas 50.000$.
 
Mon avis : si la situation au Québec n’est pas toujours comparable à la France (le Québec est loin de souffrir d’une pénurie de terrains constructibles, même dans les grandes villes), quelques enseignements intéressants peuvent être tirés :
  • Le logement social doit être réservé à ceux qui en ont vraiment besoin. A revenu égal, ils sont plus nombreux dans les grandes villes au coût de l’immobilier important (le taux des HLM, quoique faible, est le plus important à Montréal). Il ne sert à rien de construire des nombreux HLM dans des régions ou le coût de l’immobilier est faible (c’est le cas de nombreuses villes moyennes en France, qui disposent d’un parc HLM conséquent alors qu’il n’y a aucune tension sur le marché immobilier).
  • Le loyer fixe n’a pas de sens dans les HLM : il est calculé en pourcentage du revenu du ménage. Cela permet aux familles modestes de pouvoir se loger correctement et de répondre au dilemme des locataires HLM « riches », qui fait polémique régulièrement en France. Il n’y a pas besoin de les expulser s’ils souhaitent y rester : la mixité sociale des résidences est préservée, mais ils contribuent au financement du système à hauteur de leurs possibilités matérielles.
  • Plutôt de s’entêter à poursuivre dans la voie des HLM classiques il serait intéressant de rechercher des voies alternatives. Les coopératives sont intéressantes dans la mesure où cela responsabilise les locataires, qui s’impliquent dans la vie de la copropriété. Ils en détiennent également une partie, ce qui leur permet de disposer d’une épargne qu’ils pourront récupérer lors de leur départ.

 Source : autre-blog-immobilier.over-blog.com

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