mardi 4 mars 2014

QUELQUES VÉRITÉS ET IDÉES REÇUES CONCERNANT L'HIVER QUÉBÉCOIS...

Article tiré d'un blog qui vient de publié son dernier article:

"Suite à un échange avec un lecteur du blog, et aussi parce que je voulais le faire depuis longtemps, je vais tenter de clarifier quelques petites choses concernant l’hiver québécois, mais aussi de combattre certaines idées reçues qui ont la vie dure…
Et s’il y a bien un sujet sur lequel vous pouvez me faire confiance, c’est bien la météo. Si je vous parlais de politique québécoise, d’astrophysique ou de mécanique, là, vous auriez tort de boire mes paroles ; mais, en règle générale, je ne parle que de ce que je connais…


Pour commencer, parler d’hiver québécois est un non-sens. Entre le climat qui règne à Saint-Anicet (extrême sud de la province, en Montérégie), celui de Sept-Îles, de Montréal, de Québec, de Val-d’Or ou de Kuujjuaq, il y a un monde d’écart… Ce serait aussi stupide que si l’on parlait de climat « français » ou, pire encore, de climat « canadien ».
Alors, pour faire simple, je me cantonnerai au climat de Montréal (où 80 % des Français s’installent) et à celui de Québec, la capitale et deuxième ville du Québec en importance. S’il y a lieu, je préciserai de quels secteurs je parle, sinon ce sera toujours de ces deux villes.
Et plutôt que faire un long exposé imbuvable qui n’intéresserait personne, je vais faire ça sous forme de questions/réponses. Questions qui sont en fait des affirmations (idées reçues) que l’on entend ici et là, aussi bien en France qu’au Québec…

1- Au Québec, l’hiver dure six mois.
Faux.
Tout dépend de ce que l’on entend par « hiver ». Quels sont les signes de sa naissance et de sa mort ? Le début de l’enneigement permanent ? Le premier -5 °C ? La première neige ? Bref, pas facile à dire.
J’ai coutume de dire que, à Québec, l’hiver débute mi-novembre et se termine mi-avril, environ (et selon les années). À Montréal, on pourrait enlever 15 jours au début et à la fin, ce qui nous ferait un hiver qui s’étirerait de début décembre à début avril. Ces dates-là correspondent grosso modo à la durée de l’enneigement permanent. Ici, c’est encore plus long…
Cela nous fait un hiver qui dure cinq mois à Québec, et quatre mois à Montréal. J’ajoute que les intersaisons sont bien souvent très courtes dans le sud du Québec, et que l’automne ne correspond qu’à la période allant de mi-septembre à mi-novembre, alors que le printemps, lui, n’est présent que de mi/fin avril à fin mai environ.

2- Au Québec, il fait -40 °C tout l’hiver.
Faux.
La plus connue et la meilleure de toutes ! On va la faire courte.
99 % des Québécois n’ont jamais connu de -40 °C. Pour trouver de pareilles températures dans le sud du Québec, il faut aller au nord du Saguenay, en banlieue nord de Québec (ici !), en Abitibi, ou en Haute-Maricie (La Tuque), par exemple. Et encore, ce sont des valeurs très, très rarement atteintes…
À Montréal, ce n’est bien sur jamais arrivé. Mieux, le dernier -30 °C relevé à l’aéroport PET remonte à… janvier 1994 ! -25 °C est déjà une petite barrière à Montréal, et elle n’est pas franchie très souvent… surtout ces dernières années.
À Québec, les -40 °C n’ont également jamais été atteints. Et les -30 °C ne le sont qu’une à deux fois par an, en moyenne.
Bien sûr, dès que l’on s’éloigne du fleuve Saint-Laurent et que l’on se trouve dans un secteur très peu venté (la clé pour avoir de grands froids), les températures chutent beaucoup plus bas. Comme ici par rapport à Québec, ou Mirabel par rapport à Montréal.

3- Il neige 10 cm tous les deux jours.
Faux.
J’en avais déjà parlé en décembre 2010.
Évidemment que c’est faux ! Il peut se passer deux semaines – voire plus – sans qu’il tombe un seul flocon, surtout à Montréal ! Étant donné la grande variabilité du climat en Amérique du Nord, aucun hiver ne se ressemble. Mais la climatologie a pour but d’étudier le climat et d’établir des moyennes – appelées « normales » quand la période d’étude est de 30 ans -, et c’est à cela que l’on se réfère pour tirer des conclusions sur le temps actuel.
Quelques chiffres sur le cumul de neige hivernal (octobre à avril/mai) dans quelques villes québécoises (normale 1971/2000) :
Montréal : 217,5 cm ;
Québec : 316,4 cm (302,1 cm sur la période 1981/2010) ;
Sherbrooke : 294,3 cm
Trois-Rivières : 241,3 cm
Ici, j’estime la normale à 380/400 cm environ.

4- Quand il fait soleil – en hiver – il fait très froid.
Vrai et faux.
En hiver, au Québec, conditions anticycloniques riment souvent avec beau temps (ce qui n’est pas le cas en France). Et souvent, cela rime avec grand froid. Quand le ciel est très bleu, très pur, cela veut dire qu’il y a très peu d’humidité dans l’air, et que la masse d’air est glaciale.
Maintenant, il peut aussi faire très beau sans qu’il fasse en dessous de -20 °C. Inversement, le ciel peut être couvert et il peut faire très froid (en dessous de -15/-20 °C). Mais la majorité du temps, oui, quand il fait beau il fait froid à très froid.

5- Il ne neige qu’entre -1 °C et +1 °C.
Faux.
Celle-là, je crois que c’est l’idée reçue la plus répandue !
Dans les températures négatives, il n’y a pour ainsi dire aucune limite basse… Au Yukon (Canada) ou en Sibérie (Russie), il peut neiger jusqu’à -50 °C… Plus il fait froid, moins l’air peut contenir de vapeur d’eau (d’humidité), et plus les flocons seront fins. En dessous de -30/-40 °C, ce sont souvent des cristaux de glace.
Personnellement, je crois que mon « record » de température à laquelle j’ai vu neiger, depuis que je suis ici (fin 2008), c’est -25 °C. Et jusqu’à -10/-15 °C, cela n’a rien d’exceptionnel. Mais, le plus souvent, elle tombe entre 2 et -10 °C.
Dans le positif, il peut neiger jusqu’à… 8 °C ! Un ami en a vu tomber par cette température, à Nice ! Bon, c’est exceptionnel, mais c’est possible. Disons que c’est plus rare au-dessus de 4/5 °C.
Mais la clé, dans tout ça, c’est la température des différentes couches de masses d’air au-dessus de nos têtes. Il peut faire -10 °C (voire moins) au sol, si la masse d’air en altitude est trop douce… il pleuvra ! Et c’est ce que l’on appelle la pluie verglaçante (phénomène assez répandu au sud du Montréal). A contrario, si l’air est glacial en altitude, il neigera même par 2, 3 ou 5 °C (sans que cela tienne, évidemment). En fait, tout cela est très complexe.

6- Au Québec, le froid est sec, donc supportable.
Vrai, mais…
Encore une chose que l’on peut souvent lire ou entendre ici et là.
Je l’ai déjà dit plus haut, mais plus l’air est froid, moins il contient de vapeur d’eau. C’est pour cette raison que certains secteurs de l’Antarctique ne voient aucune précipitation de l’année.
En clair, un grand froid (disons < -15 °C) sera toujours très sec (une sorte de pléonasme), et ce même si l’hygromètre affiche 80 %… Ce sera bien plus sec que s’il faisait 0 °C avec 30 % d’humidité relative. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’humidité relative seule ne signifie rien. Tout simplement parce qu’elle est fonction (relative) de la température…
Comme les températures moyennes hivernales, dans le sud du Québec, sont grosso modo de -15 °C pour les minima et -5 °C pour les maxima, eh bien le froid est le plus souvent très sec. Les périodes où l’on va avoir du froid humide comme on en connaît en Europe de l’Ouest, cela va être en octobre/novembre et en avril.
Ceci étant, et concernant le caractère supportable de tels froids, il ne faut pas raconter d’âneries… comme on peut en lire trop souvent sur certains blogs.
Le froid a beau être sec, -25 °C (ou même -15 °C), cela reste glacial et, pas bien habillé, on se gèle les miches (ou autre chose). Je parle d’une manière générale car toutes les personnes ne sont pas égales face au froid (ou à la chaleur). Alors quand je lis des conneries du genre : « un -25 °C (sec… sic !) au Québec est bien plus supportable qu’un 0 °C (humide) en France », je me marre !
Et un facteur qu’il ne faut pas oublier ici, c’est le vent. Car entre un -20 °C sans vent et un -20 °C avec un petit vent moyen de 30 km/h, ce n’est pas du tout pareil… Et du vent, au Québec, il y en a souvent !

7- Les Québécois adorent l’hiver.
Faux. Pour la majorité d’entre eux.
Voir ici.

Voilà ce que je pouvais dire sur l’hiver dans le sud du Québec. En espérant en avoir éclairé certains, et convaincu d’autres.
Et pour ceux, nombreux, qui n’en peuvent plus – de l’hiver -, c’est bientôt fini…"

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