Si vous êtes un nouvel immigré québécois et que vous avez des enfants, vous allez très prochainement vous retrouver avec une liste scolaire QUÉBÉCOISE entre les mains, dans un magasin bondé de gens ayant eux aussi dans leur arbre généalogique un ou plusieurs petits rectangles en dessous du leur, un magasin où vous n'aurez pas forcément envie de passer huit ans.
Mettons les choses au clair avant de débuter notre weekend de formation (qui s'articulera autour de huit séquences) : non, il ne s'agit pas d'une conspiration pour vous faire retourner en France. C'est juste que les Québécois ont leur propre langue, leur propre français, et vous allez voir que c'est très joli, très imagé, et plutôt facile à apprivoiser - à moins d'être un Maudit Français.
SÉQUENCE 1 : Cartables en carton et classeurs à tiroirs
La maîtresse de votre fille a inscrit sur la liste de fournitures scolaires qu'il fallait un cartable rouge et un autre vert, tous deux en carton ? Pas de panique cher ami. Votre fille pourra garder son cartable Little Marcel : au Québec, un cartable est un classeur.
Quel mot utilise-t-on alors pour désigner le cartable (français )... ? "Sac d'école", tout simplement. Par ailleurs, il est peu probable qu'un enseignant québécois vous demande d'acheter un "classeur" car pour lui, il s'agit d'un meuble à tiroirs pour ranger des documents. Mais si vous lisez "cahier à anneaux", ou "reliure à anneaux", LÀ, en revanche, il s'agit du classeur que vous connaissez.
SÉQUENCE 2 : Cahiers Canada
Il est fort probable que vous tombiez sur la formule "cahiers Canada". Il s'agit tout simplement de cahiers d'une trentaine de pages, perforés à trois trous, avec des feuilles très minces, lignées ou quadrillées. Leur texture est proche de celle du cahier de brouillon (français), un concept qui n'a d'ailleurs jamais vu le jour en Amérique du Nord.
Il faut savoir que les traditionnels cahiers de 96 pages, grand format, à gros carreaux, que connaissent si bien les écoliers français, ne sont pas utilisés au Canada. Par ailleurs, ce type de lignes et d'interlignes n'existe pas ; l'on retrouve plutôt des lignes simples (comme du papier à lettres), une ligne simple suivie d'une ligne pointillée ou des petits carreaux.
Autre chose qui vous fera gagner du temps : "cahiers à l'encre", "cahiers Hilroy" et "cahiers lignés" désignent le même type de cahier que l'appellation "cahiers Canada".
SÉQUENCE 3 : Coffre à crayons, crayons de plomb, crayons de cire...
Vous aurez certainement à acheter un "coffre à crayons" ou un "étui à crayons" pour votre enfant. Il s'agit en fait d'une trousse - un terme que les Québécois n'utilisent pas. Parfois, c'est effectivement d'une boîte rigide en bois ou en plastique dont l'enseignant veut parler, mais dans ce cas-là, il précisera.
Concernant les stylos, il faut savoir qu'il y a une différence considérable entre les écoliers français et québécois en ce qui a trait à l'écriture.
Etes-vous bien assis ?
Etes-vous cardiaque ?
Etes-vous sujet à des attaques de panique ?
Etes-vous allergique aux bottes de Francis Lalanne ?
Je vous aurais mis en garde.
Au Canada, LE STYLO PLUME N'EXISTE PAS. Les Nord-Américains rient d'ailleurs beaucoup de ce principe d'écriture à la plume et à l'encre et trouvent cela particulièrement archaïque. Adieu donc chers stylo plume, cartouches d'encre et effaceur qui fait une drôle d'odeur sur les doigts ! Au Québec, on écrit au crayon gris ou au stylo bille. (Oui je sais, tout ceci est grotesque...) D'ailleurs, vous ne lirez jamais "crayon gris" ou "crayon à papier" comme on a l'habitude de dire en France mais plutôt "crayon de plomb" ou "crayon à mine".
Quant aux "crayons de cire", ou "craies de cire", il s'agit de craies grasses (ou pastels gras).
J.e S.u.i.s U.n.e C.r.a.i.e D.e C.i.r.eee ; U.n.e C.r.a.i.eee D.e S.o.n !!
OK j'me tais...
SÉQUENCE 4 : Le duo-tang, une philosophie au Québec
Je crois qu'il n'y a pas UNE LISTE de fournitures scolaires québécoise qui ne réclame pas au moins un "duo-tang"... Ce n'est pas joli comme titre, et ça manque de douceur, mais il faut reconnaître que c'est plutôt commode, un duo-tang. Il s'agit d'une pochette cartonnée munie de T.A.P (Trois Attaches Parisiennes), dont les deux rabats possèdent chacun un C.B.P (Compartiment Bien Pratique). Nous pouvons dire que c'est le petit frère du classeur (français), en moins gros et encombrant que ce dernier. Certains enseignants préférant faire compliqué quand on peut faire simple écriront plutôt "cartable avec petites attaches", "cartable avec broches" ou encore "reliure à attaches". Quant à l'origine du mot "duo-tang", nous la devons à la personne qui a baptisé la société du même nom il y a de cela bien des années, société qui fut la première à fabriquer des duo-tangs.
SÉQUENCE 5 : Tablettes
Non, dans ce cas-ci, une tablette n'est pas un iPad : c'est un bloc notes grand format, dont les feuilles sont reliées par le haut. "Tablette à l'encre" désigne la même chose et précise simplement qu'il s'agit de feuilles lignées ou quadrillées et non blanches. La "tablette Alouette" est quant à elle une tablette de feuilles de couleurs.
Aaaaaalouetteee ; gentille alou... Ok j'me tais.
SÉQUENCE 6 : Tenue de sport et fringale
Les Québécois n'emploient ni le terme anglais "baskets", ni le mot "tennis" pour désigner des chaussures de sport. Ils disent "espadrilles" ou "souliers de course" (terme dérivé de l'anglaisrunning shoes). Parfois, on peut lire "culottes courtes" ; il s'agit d'un short. Non, satanée langue anglaise, tu n'auras pas le Québec. Tiens, ça me donne envie de me manger une garniture de jambon-salade-tomate prise entre deux tranches de pain enduites de mayonnaise tout ça.
SÉQUENCE 7 : Balles de tennis
Il n'est pas impossible que l'on vous demande d'acheter des balles de tennis pour votre enfant. La raison est simple : elles sont ensuite coupées et installées sous les pattes des chaises, afin de réduire le bruit. Judicieux, mais si Yannick Noah est abonné à mon blog, il va bouder le Québec à jamais - un malheur que l'on me reprochera encore dans vingt ans.
SÉQUENCE 8 : Autres termes qu'il me semble pertinent de vous enseigner...
- Une "efface" est une gomme. Il faut savoir qu'au Québec, une gomme désigne un chewing-gum. Ainsi, on ne trouvera jamais ce terme sur les listes scolaires ; seulement "efface" ou "gomme à effacer".
- Les "renforts" sont les oeillets.
- La "brocheuse" désigne l'agrafeuse et les "broches" les agrafes.
- Au cas où le doute s'installerait, un "rouleau de papier collant" est un rouleau de scotch. Et je tiens à préciser que j'ai présentement mon rouleau de scotch sous les yeux, rouleau de scotch sur lequel il est écrit "Ruban invisible". N'est-ce pas super joli comme formule ?
- Un "aiguisoire", ou, plus évident à deviner, un "aiguise-crayons", est un taille-crayons.
- Les "séparateurs", ou "diviseurs", désignent les intercalaires.
- Le "couvre-tout", ou "tablier d'artiste", est ce vêtement à manches longues muni d'élastiques aux poignets, particulièrement utilisé en maternelle.
- La "boîte à lunch" , ou, beaucoup plus rarement, "boîte à dîner", est... une boîte (ou un petit sac), dans laquelle l'enfant apporte son goûter et son repas de midi. Très à la mode en Amérique du Nord.
- Mon cœur est gravé dans mes chansons, poupée de cire poupée de son.
Source : quebec-mode-demploi.over-blog.com
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